A un mois du 1er tour, des enfants de harkis expriment leur colère

A un mois du 1er tour, des enfants de harkis expriment leur colère

Ils s'appellent Ali, Abdallah, Mohamed... et ils sont des enfants de harkis qui expriment leur colère à un mois du premier tour de l'élection présidentielle.

Comme beaucoup d'enfants de harkis, ils sont habités par le sentiment d'avoir été dupés par Nicolas SARKOZY. Le 31 mars 2007, le candidat SARKOZY s'était pourtant engagé : "Si je suis élu président de la République, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre de harkis".

A Nice le 9 mars 2012, Nicolas SARKOZY, de nouveau candidat à la présidence de la République pour les cinq prochaines années, s'est réfusé à reconnaître une quelconque responsabilité dans le drame des harkis. Il s'est borné de façon stupéfiante à enjoindre les enfants de harkis de pardonner à la République d'avoir fait ce qu'elle a fait leurs parents. "Maintenant, pardonnez !" avait fini par lacher le candidat SARKOZY.

Ali AMRANE en colère

Ce discours prononcé à Nice a été condamné par les associations de harkis. Le compte n'y est pas. Mais depuis quelques jours, des enfants de harkis n'hésitent pas à exprimer leur colère. Ainsi, Ali AMRANE, enfant de harki des Alpes-Maritimes, déclare : "Moi, Ali Amrane, Président du collectif des associations de harkis des Alpes-Maritimes, je ne peux me contenter de ces quelques paroles ; je suis déçu qu’aucune annonce n’ait été faite sur la responsabilité de la France sur le drame que nos pères ont vécu, en sacrifiant leur vie pour la nation".

La colère d'Ali AMRANE est aujourd'hui d'autant plus fort que, suite au discours de Nicolas SARKOZY, le comportement de certains responsables d'association porteraient encore aujourd'hui préjudice à l'avancée de la principale revendication : " Quand j’entends certains présidents d’associations qui se disent représenter les harkis et leurs familles, qu’ils se remettent en question sur les propos qu’ils tiennent face à la presse, propos qui ne défendent pas l’honneur de nos familles mais cherchent à se servir du pouvoir et de l’exposition médiatique pour nourrir leurs intérêts personnels… Honteux.

Pour exemple : L’un qui parle de logement et d’emploi pour les enfants, je le cite : « ce serait bien si Nicolas Sarkozy est réélu qu’il tienne ses promesses de 2007 (encore des promesses). Ou sa collègue d’Antibes, qui revient toujours et encore sur les questions de logement et d’emploi des enfants de harkis, enfants qui aujourd’hui ont entre 50 et 60 ans !!!  L’autre qui trouve que le pardon de la France suffit pour faire oublier l’humiliation, l’abandon, la torture et le massacre de nos pères ! Un autre qui vient nous parler de mesures spécifiques sur ses projets personnels d’innovation. Ou encore un représentant d’une association sur le plateau de France 3 pour nous dire qu’il était satisfait du discours du Président et pour nous parler encore d’indemnisation, de logement, d’emploi.

Quand donc cessera cette honte ? … Pourquoi faire appel à la charité ? Devons-nous faire les mendiants en réclamant logement, emploi, indemnisation ?… Notre cause n’est pas de se voir faciliter certaines choses parce que nous sommes harkis et que la France aurait pitié de nous.

Non, notre message doit être le même pour toute association qui défend les harkis et leurs familles, une seule revendication doit animer la vie de nos associations, nous devons être unis autour d’un même intérêt : que la France reconnaisse officiellement sa responsabilité dans le massacre de nos pères, l’abandon et la souffrance que nos familles ont vécu. Nous ne pouvons pas nous satisfaire du message de Nicolas Sarkozy lors de cette visite à Nice, rien n’a avancé depuis 2007 malgré des promesses qui nous laissaient croire que la France allait enfin faire honneur à nos familles... Nicolas Sarkozy a précisé qu’il n’y aurait plus de loi spécifique votée, que les enfants de harkis ne bénéficieraient plus de priorité. Il ne faut pas mentir, ni tromper les harkis. Certains pseudos présidents ne représentent pas nos familles mais ne cherchent qu’à profiter des souffrances de nos pères pour nourrir leurs intérêts personnels." a fini par préciser Ali AMRANE.

Des enfants de harkis campent à Evian

La colère des enfants de harkis ne s'est pas limitée au sud de la France. L'information vient de tomber : des enfants de harkis ont pris leurs quartiers dans la ville d'Evian en Haute-Savoie. Désespérés par le discours de Nicolas SARKOZY à Nice, ces enfants de harkis entendent aujourd'hui dénoncer le sort réservé aux harkis et à leurs familles depuis la signature des accords d'Evian par le gouvernement de Charles De Gaulle.

Devant le palais des congès de la ville d'Evian, ils revendiquent la reconnaissance de la responsabilité s des gouvernants français de 1962 dans l'abandon, les massacres de harkis et dans le traitement qui a été réservé aux familles de harkis dans des camps en France.

Si Nicolas SARKOZY espérait endormir les enfants de harkis par son discours de Nice, c'est raté. La ficelle était un peu grosse. Pardon, le mensonge était un peu trop gros à avaler. Pour paraphraser la célèbre maxime du cardinal de Retz : On ne sort du mensonge qu'à son détriment. Nicolas SARKOZY aurait dû relire les mémoires du cardinal de Retz avant de prononcer son trés décevant discours de Nice.

La facture électorale sera donc lourde le 22 avril prochain, date du premier tour de l'élection présidentielle.